Visite virtuelle du château par l'intermédiaire de belles photographies


Cher/Chères visiteurs.euses, nous sommes cette année dans une situation particulière qui n'aura échappé à personne. Le château restera fermé jusqu'à nouvel ordre, vous privant d'une belle découverte culminant sur la Charente et la Dordogne. Alors, en attendant des jours meilleurs, nous vous proposons une sorte de petite visite du château par le biais de photos. Cela ne saurait remplacer une véritable visite animée avec brio par nos différents guides (plus d'informations ici) et elle ne sera pas aussi complète qu'une vraie visite. Mais en attendant notre réouverture prochaine, cela vous permettra de découvrir une partie de la longue et passionnante histoire du château de Villebois-Lavalette !

 En attente de réouverture 

Cette page disparaîtra (peut être) quand le château pourra à nouveau vous accueillir.


Nous commençons devant une magnifique porte pont-levis. Une fois devant cette porte, un beau panorama s'offre à vous : le château de Villebois-Lavalette domine la frontière entre la Charente et la Dordogne et ce depuis sa création.

 

Pour le moment, l'histoire du château remonte à l'an Mil, précisément en 959. Durant cette année, les seigneurs de Villebois font édifier un château de type motte castral - c'est-à-dire un ensemble d'édifices en bois ceint par une palissade et protégé par une tour de défense surélevée. Cependant, des vestiges découverts lors des fouilles laissent à penser que l'histoire serait plus ancienne encore...

 

La porte pont-levis que vous avez sous les yeux est plus récente. Elle date du XIVeme siècle. Elle nous démontre que le château a toujours été modifié et ce par les différents propriétaires qui se sont succédés au château. La porte se compose de deux ouvertures : une large, le pont charretier (qui permet, comme son nom l'indique, de faire rentrer les charrettes ou les personnes à cheval) ; une plus étroite, le pont-guichet, réservé aux piétons. Au-dessus, trois ouvertures verticales nous permettent de voir l'ancien emplacement des poutres du pont-levis.

 

La majesté de ce pont-levis apporte une certaine touche à vos photographies de vacances, comme pour ces visiteurs.euses en vespa !


Une fois rentré.e.s, nous arrivons dans la première petite cour du château. En face de vous se dresse la chapelle castrale du château.

 

Cette chapelle se compose de deux parties. En face, symbolisée par le grand porche, vous avez la chapelle basse destinée aux villageois et aux pèlerins qui passaient sans doute près de Villebois-Lavalette pour rejoindre Saint-Jacques de Compostelle. Au-dessus, avec les fenêtres de styles artistiques variés, vous avez la chapelle seigneuriale, réservée donc aux seigneurs et à leurs familles. Les deux étages ne communiquent pas entre eux : riches et pauvres sont donc bien séparés. Une première partie de la chapelle a été construite au XIe siècle, sans doute par la famille de Villebois qui reste propriétaire du château jusqu'à la fin du XIIe siècle. Elle sera ensuite agrandie au XIIIe siècle, très certainement par la famille qui acquiert le château dans la deuxième moitié du XIIIe siècle : les Lusignans.

 

Sur votre gauche, vous pouvez observer les vestiges du deuxième château à avoir été édifié sur le site. Il s'agit d'un château en pierre dont la construction se déroule tout au long du XIIIe siècle. Vous pouvez apercevoir les deux tours qui montrent l'emplacement du donjon, la partie habitable (et non pas la prison !). L'histoire de la construction du château médiéval est cependant complexe. En effet, deux familles se succèdent durant le XIIIe siècle : les Plantagênets (la dynastie royale anglaise) et les Lusignan (famille noble française). Ce problème de famille n'est pas étonnant, mais nécessite de plus amples explications.

 

Après les Villebois, la famille qui obtient le château est la famille Taillefer, représentée par Isabelle de Taillefer. Alors âgée de 12 ans, et promise à Hugues X de Lusignan, elle est enlevée le jour de son mariage par Jean sans Terre, roi d'Angleterre de la dynastie Plantagênet. Ce dernier l'épouse. Une fois Jean sans Terre mort, Isabelle de Taillefer se marie en seconde noce à son ancien fiancé, Hugues X. On a donc coutume d'appeler Isabelle la "comtesse-reine". Dans tous les cas, en l'espace d'une vingtaine d'années, le château change par deux fois de famille ce qui peut poser quelques petits soucis pour savoir qui a construit le château. Il semble toutefois plus probable qu'Isabelle de Taillefer ait eu son mot à dire dans la construction et ce avec ses deux maris successifs. Ainsi, elle aurait fait édifiée le donjon durant ses années de mariage avec Jean sans Terre et le reste de l'édifice avec Hugues X. Et nous allons nous avancer dans le château, pour voir ces fameuses constructions !


Nous sommes à présent dans la grande cour du château, ici en fin d'après-midi (nous vous laissons apprécier les sublimes couleurs qui colorent le château tout au long de la journée !). A titre informatif, c'est dans cette cour que se déroule les grands événements organisés au château : entre mai et juin, nous organisons des fêtes médiévales sur trois jours. A cette occasion, des troupes et des artisans sont invités dans le château. Des visites guidées sont aussi organisées, de même que des animations. En dehors des médiévales, il y a aussi des concerts, des jeux et des escapes game.

 

Revenons à présent à cette cour. Vous vous trouvez en fait dans l'ancienne basse-cour du château. Qu'est-ce que la basse-cour ? C'est tout simplement le lieu de protection des villageois.e.s : en échange de la corvée (des jours de travail obligatoire), ces dernier.e.s peuvent venir s'abriter entre les murs du château en cas d'attaque. De manière plus général, c'est surtout le lieu où se trouvent les dépendances du château, comme les greniers ou les écuries par exemple. L'enceinte que vous avez sous les yeux se composent d'un mur et de tours de défense, qui sont au nombre de sept. Vous en avez quatre sous les yeux : à gauche, une tour restaurée en 1991 ; en face, les tours jumelles marquant l'ancienne entrée du château ; à droite, un peu cachée, une autre tour sans toiture. C'est vraisemblablement Isabelle de Taillefer qui fait édifié cette grande cour et qui la fait flanquer par les sept tours défensives capable de surveiller l'ensemble du site contre les menaces extérieures.

 

Vous voyez l'ancienne entrée ci-dessous, éclairée par le soleil estival. Vous pouvez aussi constater que les fenêtres des tours ont bien changé : au Moyen Âge, on ne trouve pas de grandes fenêtres rectangulaires, mais des ouvertures horizontales et fines que l'on appelle meurtrières. Ces fenêtres vitrées sont le fruit d'une modification du château au XIXe siècle. Cependant, entre les deux tours, vous pouvez voir des ouvertures assez petites et rectangulaires : ce sont des bouches à feu capables d'accueillir des canons, qui défendent le château contre les ennemis.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit interlude dans notre visite. Aujourd'hui le château est le repère des pigeons, qui apprécient les vieilles pierres et le calme de l'édifice. Sauriez-vous compter combien ils sont sur le toit de la chapelle ?


Continuons notre petite pérégrination dans le château et dans l'Histoire. Nous nous sommes arrêté.e.s avec la famille de Lusignan.

 

La famille Lusignan va conserver le château jusqu'à sa malheureuse chute dans l'ordre d'importance du royaume - nous serons brefs, des conflits de famille vont entacher la puissance de la famille. A ce moment-là, nous sommes au XIVe siècle, au début de la Guerre de Cent Ans. Ce long conflit (qui dure 116 ans, entrecoupé de trêves) va mettre le château à rude épreuve. En effet, les anglais sont présents dans la région depuis le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II de Plantagênet, au XIIe siècle. Ils s'implantent complètement à partir de 1259, quand le roi de France accorde le Périgord à la couronne anglaise.

 

Le château va être confié à une famille locale, la famille des barons de Mareuil. La baronnie de Mareuil, fondée au Xe siècle, surveille la frontière entre Périgord et Charente. De plus, la famille de Mareuil s'est illustrée aux côtés du roi de France lors de la bataille de Bouvines, en 1214 (une bataille qui oppose le roi de France au roi du Saint-Empire romain germanique). Peut-être est-ce pour cette raison que le roi de France Jean II le Bon leur confie Villebois-Lavalette ? Dans tous les cas, la famille de Mareuil acquiert le château en 1355. Comme vous devez vous en douter, elle a la lourde tâche de défendre le château contre les Anglais. Les premières années dans le château ne sont pas paisibles : les Mareuil doivent prêter allégeance au roi d'Angleterre dès 1360, mais conservent tout de même Villebois-Lavalette. Cependant, ils resteront fidèles au roi de France durant toute la durée du conflit. Mieux, la famille survivra à la guerre de Cent Ans et améliorera le bâti déjà présent ! Au programme : immense remblayage de la cour, ajout d'un bâtiment type Renaissance, nouveau pont-levis (celui que nous avons vu tout à l'heure)...

 

Quant au lieu où nous nous trouvons maintenant, il s'agit d'une des tours défensives. C'est celle qui a été le plus récemment restaurée : elle a été rebâtie à partir de 2013. Cela se voit avec ces belles pierres de taille blanches. La fenêtre qui se trouve en face de vous est une meurtrière. Plus précisément, c'est une archère, une ouverture qui permet de tirer avec un arc. Si l'ouverture avait été horizontale, vous auriez eu une arbalétrière, qui permet de tirer avec une arbalète. Toutes les tours fonctionnent sur le même principe : deux étages et trois ouvertures par étages. Les sept tours de défense permettent donc de surveiller l'ensemble des alentours... Lors de votre prochaine visite, amusez-vous à regarder par les archères : la vue est belle et surtout stratégique !


Nous avons quitté la tour 2013, que vous apercevez maintenant avec sa toiture conique. Cette photographie est prise depuis la terrasse du château, accessible uniquement par la visite guidée du lieu. Au loin, l'orage passe et le château semble coupé du monde, protégé... Pourtant, cet orage nous rappelle une histoire plus tourmentée du château, que vous allons à présent expliquer.

 

Nous nous promenions avec les Mareuils, qui, passés le cap de la Guerre de Cent Ans, sont restés au château pendant plusieurs décennies. Cependant, au début du XVIe siècle, les Mareuils-Villebois n'ont pas de descendance masculine. Leur château passe donc entre les mains d'autres familles, qui ne s'y intéressent guère. Dans le même temps, la situation politique et religieuse dans  le royaume de France se dégrade.

 

Une nouvelle branche du christianisme apparaît : le protestantisme. Se voulant contre le luxe de l’Église catholique, contre la vente d'Indulgences (des remises de peine une fois au Purgatoire) et souhaitant un culte plus dépouillé avec une lecture en langue courante de la Bible, le protestantisme fait des adeptes en France et ailleurs en Europe. Cela n'est pas du goût de tous les catholiques. Des persécutions éclatent dès les années 1520-1530. Profitant d'un affaiblissement du pouvoir royal, les clans nobles catholiques gagnent en puissance et le protestantisme gagne aussi du terrain. Sans rentrer dans trop de détails compliqués, retenons simplement que ces tensions trouvent leur point de rupture en 1562 et le massacre de Wassy (un massacre de protestant.e.s décidé par un noble catholique). S'ouvre alors des décennies de guerre civile : les guerres de religion. Ce sont huit guerres qui vont se succéder de 1562 à 1598. Au final, Henri IV décidera de tolérer la présence protestante en France par le biais de l'édit de Nantes (1598).

 

Et le château dans tout ça, me direz-vous ? Nous y venons.

 

Il faut savoir que, durant ces guerres, un groupe de nobles très catholiques se forme : c'est la Ligue Catholique. Une partie de la Ligue va profiter du relatif abandon du château pour investir les lieux et continuer la guerre en Charente. Le roi de France Henri III va envoyer son plus fidèle allié combattre les ligueurs, en 1589. Cet homme n'est autre que Jean-Louis Nogaret de Lavalette, duc d'Epernon, établi à Angoulême. L'assaut est brutal, les dégâts sont conséquents et les ligueurs complètement détruits. Plus tard, en 1597, le duc d'Epernon achète le château et le fait modifier légèrement - il s'agira surtout de reconstructions. Le duc d'Epernon réside peu dans le château, mais cela ne l'empêche pas d'y accueillir d'importants personnages... Il lègue le château à son deuxième fils, Bernard d'Epernon. Ce dernier le revend à une autre famille arrivant de la cour du roi de France : les Navailles.


Nous garderons secret les bâtiments qui se trouvent sur la terrasse - nous vous les réservons pour votre prochaine visite. A la place, nous vous laissons profiter d'un beau paysage. Si, sur la photo précédente, nous dominions la Charente, voici maintenant la Dordogne ! Cependant, nous allons quand même continuer notre ballade dans les siècles.

 

Les Navailles vont modifier complètement le château. Il faut dire aussi que le duc et la duchesse ne sont pas n'importe qui. Ils arrivent de la cour du jeune roi de France Louis XIV en 1665, quand le duc de Navailles est nommé gouverneur de l'Aunis (une partie de la Charente-Maritime actuelle). Leur projet est très simple : il faut tout modifier. Ils ne veulent plus d'un château médiéval, mais d'un château dans l'air du temps. Au XVIIe siècle, les châteaux sont de style dit classique. Le plus bel exemple en est Versailles et, à l'époque des Navailles, Vaux-le-Vicomte. Sans aller jusqu'à l'extravagance de Versailles, c'est un beau bâtiment classique qui est construit, agrandit par d'immenses jardins. La duchesse de Navailles va aussi faire construire d'autres bâtiments dans le village. A ce propos, nous avons aussi, sur réservation, des visites du village suivi du château - vous pourrez ainsi tout découvrir de l'histoire du village, qui en vaut largement le détour. Toutefois, les travaux prennent du temps et le duc de Navailles, maréchal des armées du roi de France, n'est pas toujours présent à Villebois-Lavalette. Le nouveau château sera tout de même construit.

 

La Révolution passe au château et n'y fait pas grands dégâts. Il faut dire aussi que la famille de Navailles ne résidait que très peu à Villebois-Lavalette. Débute alors une période d'incertitude où me château change plusieurs fois de fonctions : magasins aux vivres, prisons, gendarmerie... Il prend feu en 1822 et est détruit en partie par les flammes. Cela n'a pas l'air de déranger un homme, l'abbé Hyppolite Michon. En 1838, il acquiert le château afin d'en faire une école et y entreprend divers travaux pour adapter les lieux à l'accueil d'élèves. Vous vous souvenez des tours et de leur fenêtre rectangulaire ? Nous les devons à l'abbé Michon. Il n'a malheureusement pas le succès attendu avec son école et doit abandonner le château...


Le château reste une école jusqu'au début du XXe siècle. Il est vendu en 1914 à Maurice de Fleury. Dès lors, la famille de Fleury fait du château leur résidence secondaire et ce jusqu'en 1998. Parmi les membres de la famille de Fleury, il y a un homme illustre dont le portrait s'affiche à côté de ce texte : Bernard de Fleury, dit Bernard Lavalette. Comédien, chansonnier, humoriste et acteur de cinéma, Bernard de Fleury a pris le pseudonyme de Lavalette en l'honneur du château familial qu'il a toujours gardé dans son cœur.

 

L'état du château se dégradant, des travaux de restauration sont entrepris en 1980, sous l'impulsion de deux hommes: Frédérique Didier et Pierre Bonnard. Peu à peu, le château qui avait disparu sous le lierre et la végétation réapparaît aux yeux de tous. A ce propos, lors de votre visite au château, n'hésitez pas à feuilletez nos livrets, qui vous montre l'évolution du château. Avec l'accord de la famille de Fleury, le château est ouvert à la visite et aux spectacles !


L'homme que vous voyez à votre gauche est le propriétaire actuel du château : Norbert Fradin. Ce professionnel de l'immobilier, d'origine charentaise, a acheté le château en 2000 et depuis, entreprend de le restaurer. Nous vous laissons découvrir ce personnage haut en couleurs, véritable mécène du château, juste ici. Toujours est il qu'avec lui, d'autres rénovations ont été entreprises : le bâtiment classique dont nous parlions plus haut, la tour que nous avons visité, la chapelle... Depuis vingt ans, le château ne cesse de changer de forme.

 

De nouvelles parties sont aussi découvertes ! Norbert Fradin a permis de réaliser des chantiers de fouille dans le château. Dans la chapelle, nous avons découvert plusieurs éléments qui nous posent question quant à l'histoire du château... Une immense salle enfouie a aussi été découverte, celle par laquelle nous concluons notre visite du château et qui est visible, en partie, ci-dessous. Découverte à partir de 2004 sous le bâtiment classique, cette immense salle est un mystère. Elle est sans doute d'époque médiévale et n'a peut-être jamais servi - pire encore, il se pourrait que les Navailles n'aient jamais eu conscience qu'elle existait là, juste sous leurs pieds. Dans tous les cas, dites-vous que les fouilles y ont été complexes : elle était intégralement remplie de terre... Et plus elle était excavée, plus les questions se multipliaient... A ce jour, nous nous interrogeons toujours sur ce pouvait être cette salle : le donjon ? La Aula, la salle de réception ? Rien n'est tout à fait sûr. Et il y a fort à parier qu'avec des futures fouilles, l'histoire du château va être peut-être remonter plus loin encore. Pour le moment, nous commençons notre visite à l'an Mil, mais rien ne nous dit que l'histoire n'est pas plus ancienne encore...


Voilà notre visite virtuelle achevée. Peut-être est-ce frustrant de ne pouvoir admirer ce beau lieu de ses propres yeux et profiter de l'atmosphère particulière du château. Peut-être est-ce frustrant de ne pas avoir toutes les informations. Nous devons tous.tes fournir des efforts pour que la situation s'améliore enfin et que nous, ainsi que tous les autres sites culturels, puissent enfin rouvrir et vous accueillir avec un protocole sanitaire vous garantissant une sécurité optimale. Aussi, nous espérons que cette petite visite virtuelle a aiguisé votre curiosité et que, fort des belles photographies que vous avez vu et de l'histoire que vous avez lu, vous viendrez nous rendre visite une fois les portes du château ouvertes. Nos guides sont prêt.e.s à vous accueillir, nos activités sont prêtes à être jouées et nous réfléchissons à de nouvelles manières de mettre en valeur ce site millénaire et de vous divertir.

 

A bientôt !

Florine Michelet, guide saisonnière du château de Villebois-Lavalette.